Filière « Bois / Legnu nustrale »

Une stratégie et un plan d’action établis il y a 10 ans, puis une série de délibérations concernant la forêt corse… Et toujours la même difficulté à concrétiser une « filière » forte à partir d’un matériau abondant, complètement écologique, adapté à de nombreux besoins… Comment l’expliquer ?
Aujourd’hui, le « Cullettivu per a Furesta Corsa » composé d’élus, de techniciens de l’ONF, d’associations et de professionnels, après un travail de concertation, a entrepris à nouveau la formalisation d’un projet de relance de la filière bois insulaire.
Les professionnels doivent être écoutés, et relayés avec énergie par la Collectivité de Corse, elle-même propriétaire de milliers d’ha de forêts, dont la sous-exploitation, comme celle des forêts privées, conduit à des risques majeurs comme les incendies.
L’action de la CDC est aussi déterminante comme prescripteur et donneur d’ordres : les réussites continentales, telle la filière « Bois des Alpes », résultent essentiellement de la commande publique volontariste des collectivités régionales et locales pour la construction : lycées, écoles, salles de spectacles, etc.
Si certaines collectivités corses ont saisi l’enjeu, donnant des réalisations spectaculaires comme A stazzona dans le Ghjunsani ou des logements comme à Cristinacce, on est encore très loin d’une généralisation.
L’urgence climatique et la réponse remarquable du « matériau bois » à la problématique nous obligent à aller vite dans le développement de cette filière, par l’intégration d’un critère « bilan carbone » pour les constructions publiques, et d’incitations par le biais de modulations de subventions. La commande publique est LE levier principal mais non exclusif.
Ces propositions ne peuvent s’inscrire que dans la définition d’une politique d’orientation forestière globale et une gouvernance adaptée (groupement forestier public, structuration des communes forestières en une seule association régionale, création d’un pôle spécifique à la CDC etc.).

1. Soutenir la restructuration de la filière bois

Un plan de relance incluant l’ensemble des acteurs de la filière, avec un accès facilité aux aides pour un véritable effet levier

• Plan de soutien financier intégrant l’ensemble des étapes de transformation : les acteurs de la première transformation et de la seconde transformation. La seconde transformation est un maillon essentiel dans la restructuration d’une filière bois insulaire, en permettant aux professionnels de la première transformation de trouver des débouchés.

• Simplification de l’accès aux aides grâce à un guichet unique associé à une « task force » inter-service dédiée

• Accès au dispositif de prêt relais de la Cadec, comme pour les filières agricoles

Une formation au service des besoins de la filière bois
Au-delà de la promotion de ces métiers (première et seconde transformations) auprès des jeunes et des demandeurs d’emploi, il s’agira de créer un Centre de formation aux métiers du bois, porté par la CDC avec les communes forestières, la Chambre des métiers et de l’artisanat, les organismes de formation initiale et continue, en partenariat avec des centres existant sur le continent (Drôme). Cet outil pourrait faire de la Corse un territoire de réference dans la transmission du savoir-faire des bancalari, menuisiers ébénistes, notamment dans la restauration/reproduction de meubles traditionnels et l’utilisation du bois dans la construction (charpentes, fabrication de scandule / bardeaux pour les toits, bardage, habitat en structure bois, etc.)

2. Renforcer les perspectives économiques de la filière bois

Avoir une vision prospective des possibilités de transformation du bois grâce à une actualisation ou un complément aux études déjà faites – dans un calendrier resserré.

De nombreuses possibilités de transformation du bois sont actuellement impossibles sur notre île, faute des équipements nécessaires et d’une réelle étude technique ainsi que de rentabilité économique. Il paraît indispensable d’analyser les différentes options de transformation du bois : le lamellé collé ; le contrecollé ; la fabrication de fermettes, poteaux et rambardes de routes, fabrication de scandule / bardeaux.
La fabrication de granulés de bois pour des poêles individuels est également à approfondir de manière fine en intégrant les difficultés actuelles des professionnels qui se sont lancés dans cette activité. Notamment au niveau du circuit d’approvisionnement et des coûts.
Soutenir les débouchés de la filière bois Énergie en proposant une ingénierie portée par la CDC au services de communes pour analyser les possibilités d’implantation de chaudières à bois (financées à 80 % par l’ADEME)

Intégrer l’utilisation du bois corse dans la commande publique

• Utilisation du matériau bois dans chaque projet public (bâtiments, rambardes des routes, signalétique…) porté par la Collectivité de Corse ou ses offices et agences

• Intégration de l’utilisation du bois dans le règlement des aides aux communes de la CDC. Tout en respectant la libre administration des collectivités, la CDC peut définir comme critères : la notion des performances énergétiques, bâtiments à « énergie zéro », matériaux à faible coût carbone (impact sur le transport).
Intégrer le critère d’utilisation des matériaux locaux (bois inclus) dans les différents dispositifs d’aide

Intégrer le bois dans les plans locaux d’urbanisme
Des permis de construire ont pu être refusés car ils ne correspondaient pas aux exigences du PLU en vigueur sur certaines communes. Si cela semble une problématique à la marge, elle a parfois pour effet de freiner la construction bois des particuliers.

3. Mettre en place des outils incitatifs : fiscalité, transport…

• Discuter avec l’État un allègement de la fiscalité pour les professionnels de la filière et une TVA à taux réduit pour le bois insulaire à la vente. Étudier la possibilité d’une exonération.

• Mettre en place une aide au transport pour l’exportation de bois transformé. On favorise ainsi l’économie locale en évitant que notre première transformation ne profite à d’autres en exportant seulement des grumes.

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