Aurania, une société canadienne, souhaite extraire du nickel des plages de Nonza et d’Albu : ce projet stupéfiant vise à exploiter les résidus amiantés de la mine de Canari, tant sur les plages que dans les talus marins qui les soutiennent.
Ce projet soulève de multiples interrogations sur la sécurité et la santé des riverains, et sur la protection de notre littoral. Ce lieu a déjà connu, avec la mine d’amiante, un désastre humain qui se paie encore aujourd’hui : reste dans notre mémoire le souvenir d’un nombre incalculable de malades et de morts et de combats acharnés pour faire reconnaitre les préjudices ; et un « solde économique » que nous finançons encore en tant que contribuables, avec le démantèlement en cours de l’ancienne usine.
La mobilisation a déjà commencé ; par une question orale à la dernière session de l’Assemblée de Corse, le groupe Core in fronte a interrogé le Conseil exécutif. La réponse est particulièrement inquiétante : l’Exécutif souhaite des « garanties » environnementales sur les conditions de l’exploitation : cela signifie qu’il en accepte déjà le principe, malgré la protection qu’il a lui-même mis en place en créant le Parc marin du Cap. Il avance la notion de « bénéfice raisonnable » visant à « limiter » le profit de l’opérateur : ici, il ne s’agit en aucune manière d’externalisation d’une action publique, mais bien d’un projet à 100% privé et à but d’enrichissement rapide parfaitement assumé.
On peut s’interroger sur la « bienveillance » du Conseil exécutif à l’égard de projets « économiques » qui mettent sévèrement en cause l’intégrité de notre île et la santé des Corses : on le constate pour les bateaux de croisières, on le constate pour les projets d’incinération des déchets, on le retrouve aujourd’hui pour un projet de forage de nickel en plein Parc marin / Parcu marinu di Capicorsu è di l’Agriate.
Suffira-t-il désormais à tous les projets destructeurs de type extraction de minerais, de créer une société locale intégrant « Corsica » dans son nom pour avoir les mains libres ?
Suffira-t-il d’intégrer les « bons » investisseurs locaux dans le capital d’une société ad hoc pour avoir carte blanche ?
Suffira-t-il de souscrire à la notion de « bénéfice raisonnable », dont on serait bien en peine de donner une définition précise, voire de verser des dividendes à la Collectivité et un loyer à l’Etat pour pouvoir forer tranquillement en plein Parc marin ?
Suffit-il d’oublier notre douloureux passé pour seulement imaginer remuer les milliers de tonnes de résidus dangereux d’une exploitation destructrice, en faisant croire qu’il n’y aura aucune conséquence autre que l’enrichissement de quelques-uns ?
Nous appelons à renforcer la mobilisation déjà en cours, avec un seul mot d’ordre : AURANIA, FORA !