Le rapport définitif du Plan territorial des déchets sera présenté par l’Exécutif à la prochaine session de l’Assemblea di Corsica. Il fixe pour 12 ans les orientations de gestion des déchets.
La version définitive ne tient pas compte de l’Enquête publique, au cours de laquelle plus de 500 personnes (qualifiées « d’acculturées » dans la délibération) ont exprimé leur vive opposition.
Ce Plan, basé sur des données plus qu’aléatoires et largement surévaluées, comme l’ont relevé les Commissaires enquêteurs et la Chambre régionale des comptes, entérine définitivement le TMB (tri industriel), la fabrication et le brûlage à grande échelle de 150 000 tonnes de CSR – combustibles solides de récupération, autrement dit leur incinération (p 150 du Plan).
Affirmer d’un côté la priorité aux biodéchets et au tri à la source, et construire des tris industriels, c’est une contradiction majeure, au vu des tonnages entrants considérables qui sont annoncés dans ces centres.
Laisser croire que le brûlage des plastiques fournit une énergie « renouvelable », alors qu’il s’agit de pétrole transformé, c’est encore nier la réalité !
Faire l’impasse sur les graves dangers de l’incinération pour la santé et l’environnement, alors que nous subissons déjà des pollutions continues (centrales, transports, bateaux), c’est impensable.
Le brûlage de CSR produit, en plus des fumées, des rejets particulièrement toxiques : mâchefers, Refiom, qu’on ne sait pas traiter et qu’il faudra stocker, ou pire, disperser sur les routes ; et ce n’est pas en y ajoutant du bois, comme annoncé dans le Plan, qu’on supprimera leur toxicité !
Les coûts exorbitants des centres de TMB/CSR et des chaudières d’incinération seront assumés par les contribuables : on compte ici en centaines de millions d’euros : 268 M pour chaque centre (investissement et fonctionnement sur 10 ans), plus 119 M d’incinérateurs.
Pour le plus grand profit des opérateurs déjà en place, au détriment des usagers, avec les risques de dérives dont nous sommes tous conscients
L’Exécutif réaffirme, comme une litanie, sa volonté de « gestion publique des déchets», mais la réalité est exactement inverse !
- Le transport des déchets en vrac des quais de transfert vers les sites de stockage est déjà aux mains du privé.
- L’enfouissement des déchets est aussi privé : Fium’orbu et Vighjaneddu.
- Pour la construction et la gestion des centres de surtri dits « multifonctions », en réalité du Tri mécano biologique avec incinération, les marchés ont déjà été attribués…à des privés – avant même la promulgation du Plan !
Donc affirmer à ce stade le « principe de gestion publique des déchets » est un déni de la réalité : de fait, nos déchets sont déjà aux mains des opérateurs privés sur toute la filière.
Ce Plan est à l’inverse des fondamentaux portés par les nationalistes depuis 2007. Il entérine l’échec de l’Exécutif à imposer à certains EPCI et au Syvadec la vision qui était la sienne et qui réussit pourtant de façon remarquable si près de nous, en Toscane et en Sardaigne (et même dans la CC Calvi/Balagna, déjà à 62%), avec des taux de tri supérieurs à 70 %, qui rendent inutiles d’énormes installations industrielles et diminuent tout autant la quantité de déchets à enfouir.
Ce retournement de l’Exécutif, qui affirme régulièrement s’inscrire dans le combat environnemental porté depuis 50 ans par les nationalistes, est inacceptable.
Il conforte ce que la Corse a toujours fait : mettre les déchets « sous le tapis », pour pouvoir poursuivre sans entrave le développement du tourisme et la consommation tous azimuts. Avec la bénédiction de l’Etat et au plus grand profit des « opérateurs » privés.