Le feu dramatique qui a détruit des montagnes de déchets stockés par l’entreprise Rocca Environnement provoque la colère et l’exaspération.
Au-delà du travail remarquable effectué par les pompiers, il est temps de s’interroger sur les causes prévisibles et les conséquences en chaîne de cet incendie.
D’abord sur la gestion de crise : pourquoi les personnes les plus sensibles (femmes enceintes et enfants notamment) n’ont pas été évacuées ? Comment peut-on appeler au confinement par des chaleurs insupportables ? Comment un Préfet peut-il affirmer que la combustion de déchets « inertes » n’est pas dangereuse ?
Ensuite sur la récurrence de ces incendies d’installations « agréées » et de leurs conséquences : même type de feu chez AM-Environnement le 27 juillet 2017, avec les mêmes conséquences : pollution de l’air et du Canal du Melu relié à l’étang de Chjurlinu ; et le même constat : stockage illégal de palettes et autres déchets, normes de retenue des eaux polluées non respectées. Manifestement, la leçon n’a pas été retenue !
Absence de contrôles réguliers, pire, autorisation d’extension sans vérifications : les manquements gravissimes conduisant à la mise en danger des riverains et à une pollution majeure et définitive sont évidemment ceux de l’entreprise, mais aussi ceux des services de l’Etat dont la complaisance est ahurissante, et qui devront en répondre.
Nous sommes solidaires des personnes touchées à titre personnel et/ou professionnel : elles doivent être dédommagées des dégâts subis et à venir, des préjudices sur leur santé et leur environnement, en engageant des procédures collectives.
L’entreprise, qui réalise des super profits sur nos déchets, doit payer. Cela n’enlèvera hélas ni la pollution, ni les problèmes de santé, mais freinera peut-être leur appétit de profit infini.
Au moment où la CDC s’acharne à présenter l’incinération des déchets comme une solution non dangereuse, il est utile de rappeler que la base des CSR qu’elle nous propose de brûler, ce sont précisément ces types de déchets. Et que les résidus, moins visible qu’un nuage de fumée, seront tout aussi toxiques.
Utile de rappeler aussi que ces entreprises « victimes » d’incendies sont celles à qui l’on sert sur un plateau et avec un taux de subvention maximal (80%), des centres de tri / CSR.
Il est temps de renverser notre regard sur le traitement des déchets, par la gestion publique, par la prévention et la diminution des quantités en amont : par exemple, de s’interroger sur la consigne obligatoire et la réutilisation directe des palettes en remplacement de leur destruction.